La dynastie perse des Sassanides

 

Les Sassanides régnèrent sur l’Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour l’Iran tant sur le plan artistique que politique et religieux. On considère l’ère sassanide comme l’une des périodes les plus importantes de l’histoire de l’Iran. Sous bien des aspects, elle représente l’accomplissement au plus haut degré de la civilisation Perse et fut contemporaine du dernier grand empire Iranien avant la Conquête musulmane de la Perse et l’adoption de la religion musulmane. La Perse sassanide eut un impact certain sur la civilisation romaine et les Romains considéraient les Perses sassanides comme leurs égaux ; en témoignent les lettres de l’empereur romain au Shahanshah :  » A mon frère…  » Leur influence culturelle s’étendit bien au-delà des frontières de l’empire pour atteindre l’Europe de l’ouest, l’Afrique, la Chine et l’Inde, et joua un rôle proéminent dans la formation de l’art médiéval européen et asiatique. Cette influence se perçoit aussi dès l’apparition du monde islamique et lors de la conquête de l’Iran par les musulmans. La culture aristocratique et unique de la dynastie en est la preuve. Zarinkoob va même jusqu’à affirmer que ce que l’on appellera ensuite la culture, l’architecture, l’écriture islamique devra beaucoup aux Perses sassanides, pour se propager ensuite dans les autres pays islamisés.

IIIème – IVème siècles

L’Empire Sassanide (ou Dynastie Sassanide) doit son nom au dernier empire iranien pré-islamique. Ce fut l’une des deux grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de 400 ans. Fondée par Ardashir qui mit en déroute le dernier roi parthe (arsacide), Artaban IV, elle prit fin lors de la défaite du dernier Roi des Rois Shahanshah, Yazdgard III (632-651). Ce dernier, après 14 ans de lutte, ne parvint pas à repousser le Califat Arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire Sassanide englobait la totalité de l’Iran, Irak, Arménie, Caucase sud (y compris le Daghestan du sud), l’Asie Centrale du sud ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de Turquie, de Syrie, une partie de la côte de la péninsule Arabe, la région du Golfe Persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelèrent leur empire Eranshahr,  » l’Empire Iranien « . Sassan, son fondateur plus ou moins légendaire, était prêtre du temple d’Anahita à Istakhr et se proclamait descendant de Darius III, le dernier souverain perse achéménide battu par Alexandre le Grand. Toutefois, c’est en 224, avec la victoire de son successeur, Ardashir, sur le dernier roi parthe Artaban IV, que débute réellement la période sassanide. Ayant rapidement conquis le territoire parthe, Ardashir se fait couronner en 226, et meurt en 241.

Ardashir descendait en droite ligne de prêtres au service de la déesse Anahita d’Istakhr. Au début du 3e siècle ces prêtres accédèrent au gouvernorat de la Perse Fars. Mais un doute subsiste sur l’origine d’Ardashir et sur ses liens à ses ancêtres supposés Sassan et Papag. On ne sait pas s’il est un enfant naturel ou adopté de Papag et si Sasan fut le fondateur de la dynastie du vrai père d’Ardashir ou de son beau-père. Les sources concernant les liens entre les premiers Sassanides (Sassan, Papag, Ardashir et Shapour) sont insuffisantes. Papag dirigeait à l’origine une petite ville, Kheir. Il parvint en 200 à déposer Gocihr, le dernier roi des Bazrangids et s’autoproclama roi. Sa mère, Rodhagh, était la fille du gouverneur de la ville de Persis. Papag et son fils aîné Shapur parvinrent à régner sur Persis. On n’est pas certain de ce qu’il advint après car les sources sont peu claires. Ce qui est sûr c’est qu’après la mort de Pabag, Ardashir, alors gouverneur de Darabgird, affronta son frère aîné Shapour pour conquérir le pouvoir. D’après les sources, Shapour s’apprêtait à rencontrer son frère lorsqu’il fut tué par l’effondrement d’un toit. Ses autres frères furent exécutés vers 208 et Ardashir se proclama roi de Persis. Ardashir déplaça ensuite sa capitale plus au sud et fonda Ardashir-Khwarrah (ancien nom Gur, devenue ensuite Firouzabad). Surplombée par de hautes montagnes et facilement défendable (cols étroits), ceinte par un haut mur circulaire probablement copié sur celui de Darabgird, elle comportait au nord un grand palais dont on peut encore voir les vestiges.

Ardashir étendit rapidement son territoire, exigeant l’allégeance des princes de la région du Fars, et s’empara des provinces limitrophes de Kerman, Isfahan, Susiane, et Mesene. En 224, le roi Parthe Artaban IV, inquiet, ordonna au gouverneur du Khouzistan de marcher à son encontre. Mais Ardashir l’emporta. Artaban décida alors de l’affronter, mais après la bataille d’Hormozgan (Bandar-e-Hormoz actuel), Artaban fut tué. Ardashir continua alors à envahir les provinces de l’ouest de l’empire Parthe, moribond. Couronné en 224 à Ctesiphon il prit le titre de Shahanshah. Les inscriptions mentionnent qu’Adhur-Anahid était sa « Reine des Reines », mais ses liens avec elle ne sont pas attestés. Ainsi commença le règne des Sassanides qui dura 4 siècles.

Le fils d’Ardashir, Shapur Ier, continua l’expansion de l’empire en conquérant la Bactriane et la partie ouest de l’empire Koushan tout en menant plusieurs campagnes contre Rome en envahissant la Mésopotamie romaine. Battu à Rhesaina Ras el Ayin (Irak) en 243, il dut abandonner ces territoires mais l’année suivante, l’empereur romain Gordien III est battu à Misiche, puis assassiné par ses propres troupes. Shapour conclut alors un avantageux traité de paix avec le nouvel Empereur, Philippe l’Arabe, pour reprendre ensuite le combat en 252 et battre les Romains à Barbalissos, lesquels, sous l’empereur Valerien, connurent une désastreuse défaite à Edessa. Shapour captura Valérien qui demeura prisonnier à vie et immortalisa ce triomphe en faisant graver la scène à Naqsh-e Rostam, et aussi à Bishapour, dans une version plus élaborée. Ce site contient quatre tombeaux de la dynastie Achéménide et sept des Sassanides. En 260, il pénétra en Anatolie, mais subit une énorme défaite des Romains et d’Odenat, leur allié de Palmyre, perdit son harem et tous les territoires romains qu’il avait conquis.

Sous le règne de Bahram II, Ctesiphon, la capitale, fut mise à sac par l’empereur romain Carus et la majeure partie de l’Arménie, après un demi-siècle de domination perse fut cédée à Dioclétien. Narseh, le successeur, livra une autre guerre avec les Romains et fut battu en Arménie en 298. Les Sassanides durent alors céder cinq provinces à l’est du Tigre et renoncer à leurs prétentions en Arménie et Géorgie. Narseh céda son trône en 301 et mourut en 302. Son fils, Hormizd II mata les révoltes au Sistan et au Kushan mais dut céder devant la noblesse. Il fut tué par des Bédouins en 309.

Néanmoins, de nombreux problèmes se rencontrent sur les frontières occidentales comme orientales. À l’est, l’expansion progressive des Sassanides provoque des soulèvements chez les nomades Kouchans, qui refusent de céder leur territoire, et engagent de nombreuses batailles. Un peu plus tard, à la fin du IVe siècle, ce seront les Huns, Chionites puis Kidarites qui déferleront sur l’Iran, et se fixent finalement en Transoxiane et au Gandhara.

Mais le monde romain lui aussi s’accommode mal de l’arrivée au pouvoir d’une dynastie qui ne cherche qu’à s’étendre, et des conflits incessants ont lieu entre ces deux puissances. On peut ainsi noter la victoire de Shapur Ier sur Valérien en 260, qui fut suivie de revers et d’autres victoires, avant d’aboutir finalement à un traité de paix en 384 entre Théodose et Shapur III : face à la menace des Huns, les Romains appliquent une politique d’État allié et décident de payer les Sassanides pour que ceux-ci protègent le Caucase et bloquent les peuples d’Asie centrale.

On peut aussi mentionner les nombreuses luttes contre les Arsacides, l’une des petites dynasties de la plaine arabique, qui côtoie de nombreux bédouins.

Vème et début du VIème siècle

Au Ve siècle, les menaces sur la frontière orientale, notamment de la part des Hephtalites, se font plus fortes. Si Vahram V Gur (421-438) parvient à obtenir une victoire, Peroz est fait prisonnier cinquante ans plus tard, en 476, et durant toute la fin du Ve siècle, les Sassanides restent tributaires des Héphtalites. De plus, des troubles dus à un état économique moins florissant qu’auparavant et à une religion rigoureuse éclatent, en particulier au début du VIe siècle, sous le règne de Kavad Ier.

VIème et VIIème siècles

À partir du règne de Khosrow I Anushirvan ( » à l’âme immortelle « ), appelé Chosroès par les Grecs, des réformes mettent en place un nouveau système d’impôts, qui fut plus tard repris par les Arabes. Le pouvoir est désormais confié à une petite noblesse, plutôt qu’à de grands propriétaires. L’empire s’étend sur l’Arabie méridionale, permettant le contrôle du commerce entre Byzance et l’Extrême-Orient (Inde, Chine). Les victoires qui mettent fin à la domination des Hephtalites, entraînent également une expansion importante vers l’est, jusqu’à l’Oxus (actuelle Amou-Daria).

Khosrow I Anushirvan est resté très célèbre en Iran : de nombreuses paroles et de nombreux faits lui sont attribués. Il réalise de grands travaux publics, comme des canaux d’irrigation, ou la fondation à Jund-i Shapur d’une école médicale fondée sur les théories grecques. C’est également sous son règne que sont accueillis à la cour des philosophes et savants grecs expatriés après la fermeture de l’école d’Athènes en 529).

Sous Khosrow II Parwiz (le triomphant), l’expansion territoriale se poursuit, avec l’annexion de la Syrie, de l’Égypte et de la Palestine. Mais la contre offensive d’Héraclius mène finalement au pillage de la résidence royale de Dastajird, puis à l’assassinat de Khosrow à Ctésiphon. Ce règne reste associé toutefois à une période de luxe, avec la construction des palais de Qasr-e Chirin et Dastajird, et le grand goût qui a cours pour la poésie et la musique.

Le règne de Kavad II, marqué par un traité de paix avec Byzance, qui induit un repli sur le territoire de Khosrow I, marque la fin de l’apogée des sassanides, et le début d’une anarchie qui ne s’achève qu’avec la conquête arabe. En 637 la prise de Ctésiphon puis en 642 la défaite de Nehavend marquent la fin de l’empire. Yazdagird III s’enfuit à Merv puis Balkh, et finit par être assassiné. La dynastie survit cependant quelques temps, réfugiée à la cour de Chine.

 

Maurice Favreau

Je suis Maurice Favreau, le cinéaste extraordinaire derrière cervelleslibres.info, votre refuge incontournable pour les musings cinématographiques et les critiques de films. En tant qu'architecte de cet espace cinématographique virtuel, j'apporte ma passion inébranlable pour l'écran d'argent à chaque critique, les transformant en explorations vivides de la narration et de la cinématographie. Cervelleslibres.info n'est pas juste un blog ; c'est une collection soigneusement sélectionnée de mes aventures cinématographiques et réflexions. Des chefs-d'œuvre classiques aux dernières sorties, je plonge dans les complexités de la réalisation de films, disséquant les intrigues, démêlant les arcs narratifs des personnages et célébrant l'art qui se dévoile image par image. Email:[email protected] / Visit Faceboook