Selon l’hypothèse que retiennent aujourd’hui la plupart des historiens, Jésus serait mort crucifié à Jérusalem, aux alentours des années 30 de notre ère. La rédaction des évangiles par lesquels nous connaissons sa vie a probablement commencé un quart de siècle plus tard pour s‘achever une ou deux générations après…
La copie la plus ancienne qu’on n’ait jamais découverte d’un évangile presque complet a été retrouvée en Haute Egypte, et date environ des années 170 de notre ère. C’est le papyrus Bodmer, un petit livre, un codex de 75 feuillets qui reproduit l’évangile selon Jean…
Il est écrit en grec, c’est à dire dans une langue qui n’était ni celle de Jésus ni celle de ses compatriotes. Tout cela montre bien la distance qui sépare le texte de l’histoire. Pour mesurer cette distance, pour comprendre ce qui sépare le temps des faits du temps de l’écriture, Corpus Christis part du récit sans doute le plus connu, celui de l’arrestation, du procès, de la condamnation et de l’exécution de Jésus c‘est à dire du récit de la Passion, tel que nous le lisons dans l’évangile selon Jean…
12 volets de 50 minutes.
La copie la plus ancienne qu’on n’ait jamais découverte d’un évangile presque complet a été retrouvée en Haute Egypte, et date environ des années 170 de notre ère. C’est le papyrus Bodmer, un petit livre, un codex de 75 feuillets qui reproduit l’évangile selon Jean…
Il est écrit en grec, c’est à dire dans une langue qui n’était ni celle de Jésus ni celle de ses compatriotes. Tout cela montre bien la distance qui sépare le texte de l’histoire. Pour mesurer cette distance, pour comprendre ce qui sépare le temps des faits du temps de l’écriture, Corpus Christis part du récit sans doute le plus connu, celui de l’arrestation, du procès, de la condamnation et de l’exécution de Jésus c‘est à dire du récit de la Passion, tel que nous le lisons dans l’évangile selon Jean…
12 volets de 50 minutes.
N° | TITRE | RESUME | REALISATEURS |
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01
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Crucifixion
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L’image du Christ en croix est universellement connue mais sommes-nous au moins certains de connaître le déroulement du supplice lui-même : clouait-on les condamnés ou les liait-on à la croix ; quelle était la forme de la croix ; où était situé le lieu d’exécution? Le témoignage des historiens de l’Antiquité confirme-t-il celui des évangélistes ? Que nous apprennent les ossements du seul et unique crucifié jamais découverts (à Jérusalem) et qui datent eux aussi du Ier siècle de notre ère ? Les découvertes de Qûmran et les manuscrits de la Mer morte nous permettent-ils de faire d’autres hypothèses sur le contexte et la dimension historique de la crucifixion ? Et qui a crucifié Jésus : les Romains ou les Juifs comme le laisse entendre l’évangile selon Jean ? Les textes disent-ils l’histoire du temps de Jésus ou celle des évangélistes qui écrivent une, deux ou trois générations plus tard et sans doute finalement hors de Palestine ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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02
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Jean le baptiste
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D’où vient Jésus ? Comment le situer dans le judaïsme de son temps, parmi les mouvements de réforme qui s’expriment aux alentours du premier siècle ? Aux yeux de beaucoup de Juifs en effet la présence romaine en Palestine, c’est à dire la domination païenne de la terre sacrée, est avant tout le signe manifeste de l’impureté du peuple élu face à Dieu. De même que les membres de la secte de Qûmran vont se replier dans le désert pour se laver de cette impureté, Jean le Baptiste va proposer loin de Jérusalem un rite d’immersion qui vise à se substituer aux sacrifices du Temple, aux rites pratiqués par les grands prêtres. Le début de chaque évangile souligne le rôle capital du Baptiste. Jésus a-t-il été l’un de ses disciples ? En quoi son action prolonge, voire concurrence-t-elle le mouvement baptiste ? Les chrétiens n’ont-ils pas accaparé Jean Le Baptiste pour en faire a posteriori le personnage du « précurseur » ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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03
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Temple
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Pour Jésus comme pour tous les Juifs de son temps, le Temple de Jérusalem est l’endroit le plus sacré de la terre d’Israël : c’est là que Dieu manifeste sa présence. Mais l’occupation par les Romains de la Palestine force les grands prêtres à accepter un marché : le Temple demeure une enclave où ils sont libres de pratiquer leur religion, le reste du pays passe sous l’autorité impériale. Cela est-il acceptable par les Judéens, par les Galiléens ? Qui sont les grands prêtres : des Juifs religieux? des collaborateurs ? des supplétifs de la police du gouverneur ? Qu’est-ce qui oppose les Pharisiens et les Sadducéens? Comment Jésus se situe-t-il face à ces deux groupes religieux ? Dans l’épisode des marchands chassés du Temple, Jésus attente-t-il réellement ou symboliquement au pouvoir des grands prêtres ? Y a-t-il eu « événement » ou travail rédactionnel à partir de prophéties bibliques ? Jésus voulait-il renverser le Temple de Jérusalem ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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04
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Procès
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Comment, par qui, Jésus a-t-il été jugé ? Y a-t-il eu un ou deux procès de Jésus ? Un procès juif, un procès romain ? Y aurait-il deux histoires de Jésus : l’une racontée du point de vue juif, l’autre du point de vue romain ? Le récit du procès de Jésus permet-il de reconstituer l’équilibre des pouvoirs entre les Romains, les grands prêtres et la dynastie des Hérode qui caractérise la Palestine du 1er siècle ? Dans l’évangile selon Jean, Ponce Pilate, le préfet romain semble vouloir sauver Jésus du supplice. Cette attitude est-elle conciliable avec le portrait féroce de Pilate que tracent les historiens juifs de l’époque ? Pourquoi les évangélistes cherchent-ils à disculper Pilate et à charger les Juifs ? Cela nous permet-il de dater clairement la rédaction des textes ? De déterminer leurs enjeux théologiques, idéologiques…
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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05
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Barabbas
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Selon les évangiles, d’autres Juifs sont arrêtés en même temps que Jésus. Deux d’entre eux sont crucifiés, un troisième est libéré, Barabbas. Pourquoi la foule le préfère-t-elle à Jésus lorsque le gouverneur romain propose de gracier un prisonnier ? Pour agir ainsi, Pilate invoque une coutume qui n’est attestée que dans les évangiles, mais par aucun historien de l’antiquité… Et Barabbas ?l’émeutier“, que pouvons-nous savoir de lui ? Est-il un zélote, un acteur des révoltes juives contre l’Empire ? Ou un personnage littéraire forgé de toutes pièces par les évangélistes pour les besoins de leur cause ? Pourquoi Barabbas, selon certains manuscrits, se serait-il appelé lui aussi Jésus?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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06
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Roi des juifs
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Le « titulus », c’est-à-dire l’inscription placée sur la croix et portant la mention « Jésus le Nazôréen, roi des Juifs » serait-il l’écrit le plus ancien se rapportant à l’histoire de Jésus ? Le seul qui daterait de son vivant? Nazôréen veut-il dire originaire de Nazareth ? Comment expliquer alors qu’il n’y ait aucune trace archéologique de Nazareth avant la fin du IIème siècle ? Que ni la bible hébraïque ni les historiens juifs ne mentionnent jamais ce lieu ? Malgré les différences entre eux, tous les évangélistes s’accordent par ailleurs sur le terme « Roi des Juifs » pour qualifier Jésus. Aurait-il été exécuté avant tout pour des motifs politiques ? Cette prétention royale qui ne pouvait qu’être un défi pour le pouvoir impérial romain était-elle revendiquée par Jésus ? Le royaume auquel aspirait Jésus était-il de ce monde ou ne l’était-il pas ? Le royaume de Dieu était-il le royaume d’Israël ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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07
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Judas
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L’évangile selon Jean mentionne 70 ou 71 fois les ?Juifs“… Mais qui sont les Juifs dans ce texte ? Le peuple juif tout entier, les chefs du peuple ou plus étroitement les ?Judéens“, c’est à dire les habitants de la Judée ? Les uns et les autres étant désignés sous un seul terme grec ?ioudaïoï… Comment expliquer que parmi les disciples de Jésus, Judas soit celui qui le trahit et le livre à la mort. Cette trahison a-t-elle un fondement historique ? Qui est Judas : un renégat, un extrémiste, voire un complice ? Est-il appelé l’Iscariote parce qu’il est originaire d’un village de Judée proche de Jérusalem ? Est-il le seul Judéen ? Serait-ce la Judée toute entière qui trahit Jésus sous ce nom ? Mais ne serait-ce pas aussi le Juif par excellence ? Celui qui endosse le mauvais rôle et incarne la judaïté après la rupture des chrétiens avec la synagogue ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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08
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Pâque
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Savons-nous quel jour est mort Jésus ? Quelle année ? En 30 ? En 33 ? Plus tard… Selon l’évangile de Jean, Jésus est mort le jour de la Pâque juive. Pour les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), la crucifixion aurait eu lieu au contraire la veille. Les récits de la Passion sont, par ailleurs, réputés être les textes les plus primitifs des évangiles. Sont-ils donc les plus historiques ? Mais alors comment expliquer leurs différences criantes ? Pourquoi ces récits sont-ils si solidement tissés d’allusions à la Bible hébraïque si ce n’est de citations littérales? Quelle était leur fonction ? Ecrire l’histoire ou instaurer une liturgie concurrente de la liturgie juive traditionnelle ? Le découvrir n’est-ce pas mettre en lumière la place du courant « chrétien » à l’intérieur de la synagogue ? La date de la mort de Jésus aurait-elle pu être choisie pour investir la pâque juive ? Pour des raisons d’abord théologiques ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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09
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Résurrection
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Que se passe-t-il après la mort de Jésus sur la croix ? Pourquoi les disciples ne sont-ils pas persécutés à leur tour par les Romains ? Pourquoi restent-ils à Jérusalem ? Attendent-ils son retour imminent, c’est à dire la fin des temps qui marquera aussi la fin de la domination romaine ou la résurrection de leur maître ? Jésus lui-même s’attendait-il à ressusciter ? De quelle façon la conception chrétienne de la résurrection s’inscrit-elle dans la tradition juive ? Quel crédit accorder aux récits de la découverte du tombeau vide ? Pourquoi Paul, le premier auteur chrétien, n’évoque jamais le retour de la mort à la vie mais uniquement des apparitions de Jésus ressuscité ? Comment se fait-il que ces apparitions soient très divergentes d’un texte à l’autre ? Que les femmes et les disciples qui voient Jésus ressuscité commencent toujours par ne pas le reconnaître ? La résurrection recouvre-t-elle un ?événement“ historique ou est-elle avant tout la mise en forme théologique d’un acte de foi ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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10
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Christos
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Pour les chrétiens, Jésus se confond avec Jésus-Christ. Dans le texte des évangiles, Jésus est appelé « Christ » comme traduction grecque de l’hébreu « messie », « oint de Dieu ». La conception biblique du messie est-elle politique ou religieuse ? De son vivant Jésus a-t-il pu se revendiquer comme messie d’Israël ? La dimension royale de cette prétention pouvait-elle entraîner sa condamnation ? Mais par qui et pourquoi ? Par les Juifs qui la jugeait blasphématoire et dangereuse pour le peuple ? Par les romains qui craignaient la venue d’un roi libérateur d’Israël ? D’où les premiers disciples tirent-ils leur dénomination de ?chrétiens“ ? Jésus n’est-il pas devenu « Christos » « Jésus-Christ » qu’après sa mort ? Combien d’années séparent Jésus le nazoréen, le prophète galiléen de Jésus-Christ, le christ universel et hellénisant ? Comment cette métamorphose va-t-elle coïncider avec la sortie du judaïsme ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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11
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Le disciple bien aimé
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De quand datent les papyrus les plus anciens de l’évangile selon Jean ? Pourquoi ont-ils tous été retrouvés en Egypte et aucun en Palestine ? Pourquoi son texte a-t-il suscité des centaines de variantes avant que l’état que nous connaissons aujourd’hui ne soit fixé ? Comment situer cet évangile face à ceux de Marc, Mathieu et Luc ? Dépend-il d’eux ou d’une source indépendante ? Quels sont les hypothèses retenues par les chercheurs pour expliquer les différences et les ressemblances entre les quatre évangiles ? Quel est l’auteur du quatrième évangile connu comme l’évangile selon Jean“ ? Est-ce l’un des apôtres de Jésus qui s’appelle Jean, fils de Zébédée ? Est-ce lui le disciple bien aimé qui apparaît dans le texte comme le signataire de l’évangile ? Le ?disciple que Jésus aimait“ dissimule-t-il un autre personnage ? Mais pourquoi le quatrième évangile et d’autres textes du Nouveau Testament ont-ils été attribués à ?Jean“ ? La notion d’auteur n’est-elle pas trompeuse pour rendre compte de cette littérature ?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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12
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L’évangile de Jean
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Comment expliquer que l’évangile selon Jean soit à la fois une grande pièce de littérature et un texte semé d’anomalies voire de contradictions ? Que signifient les différentes phases de rédaction dont on peut déceler la trace à travers ces bizarreries ? Pourquoi le quatrième évangile est-il parfois perçu comme « le père de l’antisémitisme » ? Est-ce Jésus qui s’adresse aux hommes de son temps ou l’évangéliste qui, une, deux ou trois générations plus tard, parle à ceux du sien au moment même où le christianisme va naître du judaïsme et s’en séparer ? De même, à lire l’évangile selon jean, quel corps descend-on de la croix après la mort de Jésus ? Un corps souffrant, celui d’un homme martyrisé, vidé de son sang comme l’agneau immolé à Pâque ? Un corps mystique, le corps du Dieu fait chair, rachetant par la mort et la résurrection les péchés de tous les hommes ? Ou le corps d’un texte?
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Gérard MORDILLAT;Jérome PRIEUR
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INTERVENANTS : Christian Amphoux (Centre National de la Recherche Scientifique – Montpellier), Moshé Bar-Ascher (Académie des Langues Hébraïques – Jérusalem), Marie-Emile Boismard (Ecole Biblique de Jérusalem), Alan Culpepper (Mercer University – Atlanta), Joseph A. Fitzmyer (Université catholique d’Amérique Washington), Ennio Floris (Docteur en théologie de l’Angelicum de Rome), Sean Freyne (Trinity College – Dublin), Pierre Geoltrain (Ecole Pratique des Hautes-Etudes – Paris), Christian Grappe (Faculté de théologie protestante – Strasbourg), Pierre Grelot (Institut catholique de Paris), Martin Hengel (Université de Tübingen), Eric Junod (Université de Lausanne), Jean-Pierre Lémonon (Université catholique de Lyon), Malcom Lowe (Institut Ratisbone – Jérusalem), Hyam Maccoby (Leo Baeck College – Londres), Daniel Marguerat (Faculté de théologie protestante – Lausanne), Frans Neirynck (Université de Louvain – la – Neuve), Etienne Nodet (Ecole Biblique de Jérusalem), Enrico Norelli (Université de Genève), Charles Perrot (Institut catholique de Paris), Emile Puech (Centre National de la Recherche Scientifique – Jérusalem), Jean-Marie Sevrin (Université de Louvain La Neuve), Daniel Schwartz (Université hébraïque de Jérusalem), Guy Stroumsa (Université hébraïque de Jérusalem), Gerd Theissen (Faculté de théologie protestante -Heidelberg), Etienne Trocmé (Université de Strasbourg), Joe Zias (Israël Antiquities Authority – Jérusalem).